Le projet

Recueillir pour ne pas oublier

La submersion marine provoquée par le passage de la tempête Xynthia le 27 février 2010 a été dévastatrice en Vendée et en Charente-Maritime. Danger mortel et détresse extrême ont été éprouvés par des milliers de personnes.

Depuis près de quinze ans, cette expérience est restée confinée dans une profusion de souvenirs personnels où les traumatismes individuels et collectifs n’ont pu trouver de voie de résilience. Attendu par les sinistrés et les collectivités, le recueil de la mémoire de Xynthia vise à soigner le psycho-traumatisme pour œuvrer à la prévention des submersions marines et au développement d’une culture du risque.

Partager pour prévenir le risque

Au cours du XXe siècle, la mémoire des submersions d’autrefois s’est largement dissipée au sein de la population littorale. La perte de transmission et de conscience intime du risque fait partie de ce qui a conduit à la catastrophe de février 2010.

Dans le contexte climatique actuel, marqué par des épisodes météorologiques parfois violents, vite oubliés, il est fondamental de reconstruire une relation mémorielle avec l’océan et la partager. C’est pourquoi une équipe pluridisciplinaire est engagée, avec le concours de tous les volontaires, dans la valorisation des témoignages (oraux, audiovisuels, photographiques) de toutes celles et ceux qui ont vécu la tempête Xynthia.

Une méthodologie participative

Le projet est conçu comme un laboratoire où se développe à ciel ouvert une méthodologie participative pour prendre soin des populations qui ont vécu, qui sont ou pourront être à l’avenir exposées à une submersion marine. La résilience à la fois créative et collective relie ici la mémoire, le patrimoine et l’action éco-citoyenne.

La méthodologie

 

Extraits de témoignages

Annette Anil, La Faute-Sur-Mer (Vendée)

(…) notre porte-fenêtre avait été arrachée et l’eau s’engouffrait dans la maison d’un seul coup, heureusement que nous étions sur le buffet (…). Puis vers huit heures du matin quand les premières lueurs sont arrivées, j’ai voulu sortir car je ne supportais plus de rester à l’intérieur. Ce qui nous a surpris c’était le fait qu’on attendait marée basse et qu’on a vu que l’eau ne baissait pas, on s’est alors rendu compte que c’était une cuvette. Enfin, ce qui nous a le plus marqués c’est qu’en sortant, en passant par les débris, il n’y avait pas un seul bruit. En effet, il régnait littéralement un silence de mort, à tel point que je me suis tournée vers mon mari en lui disant : “ils ne sont quand même pas tous morts?”, on n’entendait rien, pas d’hélicoptère, rien du tout.

Julien Charpentier, Aytré (Charente-Maritime)

Vers deux heures du matin, on voit passer devant la fenêtre un container de 500 litres qui glissait littéralement sur dix centimètres d’eau. La submersion commençait. Le temps de sortir et d’essayer de comprendre ce qui se passait, le niveau de l’eau était monté de 50 cm. Nous avons alors envisagé de quitter le parking en voiture, mais ce n’était déjà plus possible. Je me suis alors précipité dans mon mobil home distant d’une vingtaine de mètres, j’ai attrapé mon chien et suis monté avec lui sur le toit. L’eau continuait de monter à une vitesse incroyable pour atteindre deux ou deux mètres cinquante. Tous les mobil home se sont mis à flotter et à se déplacer vers le fond du camping, tels des bouchons. Comme moi, la plupart des résidents qui n’avaient pas fui et qui s’étaient retrouvé piégés étaient sur le toit de leur habitation.